Si les particuliers cherchent généralement à limiter leur endettement lors de l’achat d’une maison, les actionnaires cherchent au contraire à le maximiser lors de l’acquisition d’une entreprise, pour améliorer leur rentabilité financière. Cela s’appelle un LBO (Leveraged Buy Out). Ce n’est pas sans conséquence pour les salariés et on vous explique tout.
Un LBO, c’est quoi ?
Un LBO désigne un montage juridique et financier consistant, pour un investisseur (une entreprise, un fonds d’investissement…), à racheter une entreprise (la société cible), partiellement ou en totalité, en ayant recours à un haut niveau d’endettement (emprunt bancaire ou obligataire), créant ainsi un effet de levier important. Les fonds empruntés sont remboursés grâce aux bénéfices réalisés par la société cible.
De cette manière, en mobilisant un minimum d’argent, l’investisseur parvient à racheter une entreprise, qui remboursera, avec ses propres bénéfices, la dette qui a servi à l’acquérir. C’est, en quelque sorte, l’entreprise cible qui finance son propre rachat.
Les entreprises cibles sont donc bien souvent des entreprises qui génèrent des bénéfices importants et une trésorerie suffisante pour assurer le remboursement de la dette.
Les avantages du LBO pour l’actionnaire
Le principal avantage pour l’actionnaire réside dans ce que l’on appelle l’effet de levier.
En utilisant l’endettement pour financer l’acquisition, l’acheteur amplifie de manière considérable le retour sur investissement. En effet, il n’a utilisé qu’un minimum de fonds et l’emprunt de la holding est intégralement remboursé par les bénéfices de la société cible.
Par exemple, un investisseur peut racheter une société d’une valeur de 11 M€, en apportant seulement 1 M€. Une fois l’emprunt remboursé, il détiendra une société qui vaut 11M€ en ayant payé seulement 1 M€.
De plus, étant donné qu’il est nécessaire que la société cible soit profitable, une stratégie de croissance et d’optimisation des charges est généralement mise en place. Cela a pour conséquence d’accroitre encore davantage la profitabilité de la société, ce qui lui apporte une valeur supplémentaire en cas de revente. Au final, non seulement, l’actionnaire n’aura investi qu’une somme minimale, mais en plus, il a de fortes chances de réaliser une plus-value au moment de la revente, son entreprise ayant pris de la valeur depuis son rachat.
Ainsi, dans le cadre des LBO, il est fréquent que la société cible soit revendue avant l’échéance de l’emprunt, dès lors que sa valeur a suffisamment augmenté depuis son acquisition. Cette opération permet à l’actionnaire de récupérer la trésorerie nécessaire pour solder l’emprunt initial tout en conservant la plus-value générée.
Les risques du LBO pour les salariés
Cependant, si le LBO présente des avantages financiers pour les investisseurs et les actionnaires, il entraîne également des conséquences qui peuvent se révéler désastreuses pour la société cible et ses salariés.
En effet, l’usage intensif de l’endettement pour financer l’acquisition, principe sur lequel repose le LBO, peut rapidement devenir un fardeau pour l’entreprise cible dans un contexte économique défavorable.
En cas de hausse des taux d’intérêt, le poids de la dette peut se révéler si important que l’entreprise cible s’en trouvera asphyxiée, incapable de faire face à ses échéances d’emprunt.
Par ailleurs, le remboursement de la dette reposant uniquement sur la capacité de l’entreprise cible à réaliser des bénéfices, les investisseurs exigent souvent des objectifs de rentabilité élevés, au détriment des conditions de travail et de l’emploi. Ceci entraîne fréquemment une restructuration de l’entreprise, se traduisant par une intensification du travail pour accroître la productivité, voire par des plans de licenciement.
Enfin, l’investissement dans l’entreprise peut être sacrifié au nom d’une profitabilité à court terme, alignée sur la durée prévue de détention par les actionnaires, soit sur la période comprise entre l’acquisition et la revente de la société cible. Cette vision à court terme peut remettre en cause la pérennité même de l’entreprise à long terme, dans un environnement en mutation technologique et sociétal.
Seul avantage pour les salariés d’un LBO : la participation
Sauf si l’organisation juridique du Groupe isole les bénéfices dans une entité distincte, les salariés profitent, en principe, d’une participation au bénéfice puisque l’entreprise cible dans laquelle ils travaillent est tenue de générer des résultats. D’ailleurs, la Direction ne manque pas de le rappeler, allant jusqu’à intégrer la participation dans sa politique de rémunération. Or, il convient de rappeler que la participation n’est pas un élément de rémunération, mais un outil de partage de la valeur créée au sein de l’entreprise.